La Petite Ceinture

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La construction de la Petite Ceinture a débuté en 1851. Initialement destinée au transport de marchandises, elle a progressivement encerclé Paris. Entièrement achevée en 1869, elle a vu son nombre de voyageurs parisiens augmenter constamment. Toutefois, la concurrence du métro a sonné le glas de son activité voyageurs en 1934, entraînant sa fermeture à cette clientèle. Majoritairement désaffectée, la nature a repris ses droits, la dissimulant souvent aux regards des promeneurs parisiens.

Une voie désaffectée autour de Paris

Devenue un lieu de promenade atypique, refuge pour les sans-abris et autres marginaux, ce site, bien qu’apparemment désert et abandonné, est en réalité un espace de vie insolite, déconnecté de l’agitation urbaine, comme s’il appartenait à une autre dimension où règne le calme.

Actuellement, la Petite Ceinture comprend 23 kilomètres de voies désaffectées, partiellement recouvertes par la végétation, des gares fantômes, et des murs ornés de graffitis qui apportent une touche de couleur à ce paysage gris et vert.

Aujourd’hui, la Petite Ceinture est en sursis, car des projets de réhabilitation sont à l’étude : création d’une promenade plantée comme dans le 12e arrondissement, pistes cyclables, tramway… Ces projets pourraient altérer le caractère historique et unique de ce lieu emblématique entourant la capitale.

Cet espace offre un sentiment de liberté lorsqu’on s’y promène. L’isolement au cœur de l’effervescence parisienne confère une force particulière à l’expérience.

Compte-rendu d’exploration

Notre excursion a débuté à 9h, sous un ciel partiellement ensoleillé. Nous sommes tout d’abord tombés sur une salle de musculation en plein air, aménagée comme un petit salon avec d’anciens meubles. Tout au long de notre parcours, nous avons découvert des squats bien aménagés et des personnes menant une vie à part, en marge de la ville.

Parfois, nous marchions seuls pendant un bon moment, absorbés par notre environnement. À d’autres instants, nous croisions des gens, ou nous nous retrouvions sur un pont parisien, entourés par l’activité trépidante de la ville, mais plongés dans un silence de mort, comme si nous étions dans un monde parallèle. Personne à l’extérieur ne semblait nous remarquer, tandis que nous les observions, créant une impression étrange d’être dans un lieu à part, abandonné, mais vivant, loin de l’agitation urbaine.

De nombreux bâtiments désaffectés jalonnent la voie, chacun avec son propre caractère, marqué par des tags. Il faut parfois marcher longtemps avant de découvrir ces merveilles, mais la découverte en vaut la peine.

Si vous cherchez la Petite Ceinture dans Paris, et que vous êtes dans un quartier où elle ne devrait pas être loin, regardez autour de vous. Si vous voyez un chat, suivez-le, il pourrait vous guider ! Lors de notre périple, nous avons été surpris de constater que la Petite Ceinture est un domaine prisé par les chats errants, dont nous avons souvent croisé la route.

L’aventure a commencé avec la rencontre d’un chat blanc et noir sur un pont, puis un autre, semblable, dans un fourré plus loin, et ainsi de suite. C’était amusant et inattendu.

Je tiens à rappeler que la promenade sur la Petite Ceinture est interdite. Le but de ce compte rendu n’est pas d’inciter à le faire, et je décline toute responsabilité concernant le non-respect de la législation par quiconque aurait lu cet article.

D’autres photos :

La Petite Ceinture 20 ans après

En 20 ans, la Petite Ceinture a connu de nombreuses évolutions. Certains projets se sont concrétisés, notamment la création de tronçons accessibles pour les promenades. Des parties de la ceinture sont ainsi aménagées pour permettre aux riverains de profiter de ces espaces.

Le parcours sud/nord, autrefois accessible sans interruption, est maintenant fragmenté en plusieurs sections : de nouvelles constructions, des espaces dédiés à la promenade, et des zones privatisées suite à la reconversion d’anciennes gares en bars ou espaces de loisirs.

Bien que certaines zones demeurent préservées, la pression immobilière et la tendance à ne pas laisser d’espaces urbains inutilisés ou non aseptisés créent une certaine tension. De façon générale, les friches en Île-de-France disparaissent progressivement, laissant peu de place aux zones vierges ou non contrôlées.

Cette première exploration, qui a éveillé ma passion pour l’exploration urbaine et l’urbex, a beaucoup changé. C’est avec un sentiment nostalgique que je revisite mes premières photographies. Ces images, qui marquent aussi mes débuts en photographie (coïncidant avec l’avènement des appareils photos numériques), ne doivent pas être jugées pour leur qualité ou leur valeur artistique. Elles représentent plutôt une dérive urbaine et le souvenir d’un moment fondateur, marquant le début d’une passion qui ne m’a jamais quitté.

 

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Exploratrice et photographe passionnée d’histoire, mon travail s’articule autour de 2 axes : la photographie documentaire et la photographie artistique. Je réalise des reportages sur les souterrains et lieux abandonnés dans un but documentaire et réalise des photos témoignages afin de garder une trace de ce patrimoine oublié. Mes séries de photos artistiques, réalisées dans des lieux abandonnés deviennent le décor de mises en scène où elle exprime son ressenti des lieux, les sublime et les fait renaître le temps d’une image, en mélangeant rêve et réalité afin de s’approprier le lieu.

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