Ancienne Gare de déportation de Bobigny

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La gare de Bobigny ouverte en 1932, ferme au trafic des voyageurs dès 1939. Elle n’est alors accessible qu’au trafic fret. Elle est utilisée comme point de départ pour les convois ferroviaires vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau de 1943 à 1944. Désormais, ce lieu de mémoire est restauré et valorisé au moyen d’un parcours et d’une scénographie adaptés.

Gare de la Grande Ceinture de Paris

La ligne de Grande Ceinture ouvre au trafic des voyageurs entre Achères et Noisy-le-Sec le , avec quatre trains omnibus par jour. Une simple halte est alors aménagée à Bobigny. La ligne de Bobigny à Sucy-Bonneuil, dite de « Grande ceinture complémentaire », ouvre au trafic des marchandises en et au service voyageurs en 1932. Seuls deux trains quotidiens circulent dans chaque sens. La halte de Bobigny est démolie pour laisser la place aux deux nouvelles voies. Une nouvelle et vaste gare se construit en 1929. Mais cet aménagement se révèle disproportionné au vu de la faible fréquentation.

Ancien bâtiment voyageurs de la gare de Bobigny

Le service voyageurs cesse donc en 1939, ne laissant place qu’au fret. La gare de marchandises continue de fonctionner grâce aux cheminots qui vivent sur place avec leurs familles dans la gare. Puis de 1943 à 1944, la gare est utilisée comme point de départ pour les convois ferroviaires vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

Déportations vers les camps d’extermination.

En 1941, les dirigeants nazis décidèrent de mettre en œuvre la « Solution finale ». Elle consiste en l’extermination massive et systématique des Juifs d’Europe. Des camps d’extermination sont alors créés (Chełmno, Bełżec, Sobibór, Treblinka, Auschwitz–Birkenau et Majdanek) et les Juifs déportés. Les Allemands utilisent alors le réseau ferroviaire de l’ensemble du continent pour transporter et déporter les Juifs, principalement en Europe de l’est.

Dans le nord de Paris, les Juifs sont ainsi internés à Drancy à la cité de la Muette puis envoyé à la gare du Bourget. De cette gare, Il rejoignent des camps d’extermination comme celui de Auschwitz–Birkenau. Leur destination ne leur est pas divulguée. Ils pensent aller en camps de travail alors qu’il n’en est rien…

Pitchi poï signifie « trou perdu » en yiddish. Pour désigner la destination inconnue, des convois de déportés, là-bas, quelque part, très loin « vers l’est »

En 1943, Alois Brunner devient le directeur du camp de Drancy afin d’intensifier le processus de déportation des Juifs de France. Il effectue une réorganisation du camp et pour des raisons de discrétion et de logistique, choisit la gare de Bobigny à la place du Bourget comme point de départ des trains. En effet le Bourget est une gare empruntée tous les jours par des voyageurs, alors que Bobigny est excentrée, moins visible et propose un grand espace simple d’accès.

Gare de déportation de Bobigny vers Auschwitz–Birkenau

De l’été 1943 à l’été 1944, la gare de Bobigny fut le lieu principal de la Déportation des Juifs de France organisée par l’Allemagne nazie avec le soutien du gouvernement de Vichy.
En 13 mois, 21 convois sont organisés et 22 500 hommes, femmes, enfants, internés au camp de Drancy, sont déportés vers les centres de mise à mort au départ de cette gare. Cela fait de cette gare un lieu majeur de la mémoire française de la Seconde Guerre mondiale et de la Déportation.

La scénographie ainsi que la visite guidée permet de bien comprendre les différents temps de la Déportation, l’organisation des convois ainsi que les conditions de transport (53 heures de trajet pour rejoindre Auschwitz) de ces êtres humains qui n’étaient plus considérés comme tel. Un travail historique et de témoignage des survivants permets de comprendre leurs conditions de vie, leur état d’esprit et de prendre pleinement conscience de cette horreur.

Illustration de Martin Etienne – Cette image reconstitue le site tel qu’il était en 1943-44 et montre les étapes des déportations.

Reconstitution de la gare de déportation de Bobigny

Ainsi, nous découvrons des lettres de déportés sur 4 panneaux accroché au mur extérieur de l’ancien bâtiment de marchandises. Le premier panneau montre des lettres écrites à Drancy, le deuxième à leur arrivée à Bobigny, le troisième sur les conditions de voyage en train et le quatrième à leur arrivée au camp. Les témoignages des déportés rescapés montrent que ceux-ci on peu de souvenirs de la gare de la Bobigny. Effacés surement par ceux de leur arrivées à Auschwitz et de la prise de conscience de ce qu’il allait réellement leur arriver. Certains ne se souviennent que du bâtiment de la gare voyageurs qui était occupés par des cheminots.

Plus loin, nous découvrons le long des rails encore présents, une citation de Paul-Eluard. Elle est gravée sur le mur en béton « Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons. ». Cette inscription dans la longueur représente la taille d’un wagon de déportation.

Nos pas nous emmène ensuite au fond du site. On découvre alors 75 stèles métalliques en mémoire de tous les convois de déportés juifs en France. Chaque stèle détaille le nombre de personne (et d’enfants) dans le convoi.
Son lieu de départ et de destination. Le sort qui leur a été donné. Les dernières stèles dont le sens est différents représentent les convois partis de Bobigny.

Visiter la Gare de déportation de Bobigny

Ainsi s’achève la visite de ce lieu devenu mémorial. Ce site historique est à découvrir pour comprendre et se rappeler ce qu’ont vécu les déportés qui ont transité par cette gare. Je salue le travaille de la Seine Saint Denis qui s’attache à valoriser les lieux de mémoire de son territoire. De les rendre accessibles aux plus grands nombres.
L’Histoire doit se vivre pour prendre pleinement conscience que ce genre d’horreur a existé. L’Histoire ne doit pas rester enfermé dans les livres. Effectivement, garder les stigmates de l’Histoire permet de ne pas oublier ce qui s’est passé. De plus, les survivants de cette période disparaissent de par leur âge. Dans ces conditions, il est important de ne pas oublier ce qu’ils ont vécu et ce qui a été fait.

Bien sûr le site se visite librement. De plus, il est possible de suivre une visite commentée comme j’ai été invitée à le faire. Je ne saurais que vous conseiller de suivre une visite guidée qui éclaire et ajoute du détail à la scénographie déjà très complète. Vous trouverez les liens et ressources juste en dessous :

Sources

 

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Exploratrice et photographe passionnée d’histoire, mon travail s’articule autour de 2 axes : la photographie documentaire et la photographie artistique. Je réalise des reportages sur les souterrains et lieux abandonnés dans un but documentaire et réalise des photos témoignages afin de garder une trace de ce patrimoine oublié. Mes séries de photos artistiques, réalisées dans des lieux abandonnés deviennent le décor de mises en scène où elle exprime son ressenti des lieux, les sublime et les fait renaître le temps d’une image, en mélangeant rêve et réalité afin de s’approprier le lieu.

Un commentaire

  1. Merci pour ce reportage. Je ne savais pas du tout qu’un tel lieu existait. J’essayerai d’y aller.

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