A l’occasion des journées du patrimoine, la mythique prison de la Santé a ouvert ses portes ! Voici une petite visite photographique comme si vous y étiez. N’hésitez pas à laisser vos commentaires.
La dernière prison dans Paris
La prison de Santé reste une des prisons de France les plus mythiques. Les raisons sont simples :
- Son positionnement géographique en plein Paris
- Des prisonniers connus comme Jacques Mesrine, Maurice Papon, Apollinaire, y sont restés détenus (Listes des personnes connues ou personnalités ayant résider à la prison de Santé)
- Un quartier dit VIP avec gens célèbres

En passant devant les imposants murs d’enceintes, cachant à la vue des badauds les bâtiments intérieurs, on ne peut s’empêcher de se demander à quoi peut ressembler la vie dans la prison de la Santé. Imposante, voir inquiétante, ce lieu interdit au public reste le fantasme de bon nombre de parisiens car cela reste un lieu chargé d’histoire. A noter que la prison de la Santé est un centre de détention pour hommes seulement.
Historique de la prison de la Santé
Dernière prison de la capitale sur la quinzaine de construite, celle ci est situé dans le 14e arrondissement de Paris. Dessinée et construite par Emile Vaudemer en 1861, elle sera ensuite inaugurée le 20 aout 1867et pouvait contenir 1000 prisonniers. Elle couvre 2,8 hectares entre les rues de la Santé, Messier, Jean Dolent et le boulevard Arago.
Le terrain cédé pour la construction de la prison est le « l’enclos de la Santé » qui doit son nom à une maison de santé, réservée aux pestiférés au XIIIe siècle.

Les exécutions capitales s’effectue dans la cours d’honneur qui se trouve à l’entrée de la prison (avant 1939 les exécutions étaient publiques) et la dernière exécution aura lieu en 1972, en 1981 lors de sa campagne électorale pour les élections présidentielles, François Mitterrand déclare clairement qu’il est contre la peine de mort, une fois président il graciera le dernier condamné à mort au mois de mai et 26 aout le Conseil des ministres approuve le projet de loi abolissant la peine de mort.
A noter que la guillotine était entreposée à la prison de la Santé lorsque celle-ci ne servait pas, avant l’abolition.
Maison d’arrêt ou centre de détention ?
Il existe plusieurs types de bâtiments de détentions. La prison de la Santé est une maison d’arrêt, c’est dire qu’elle reçoit les prévenus en attente de leur procès, ainsi que les détenus condamnés à une peine d’emprisonnement inférieure à deux ans. Par ce fait la sécurité en est renforcée. Les communications sont restreintes car le prévenu ne doit pouvoir faire pression sur un témoin par exemple. Ces restrictions s’appliquent généralement aux détenus condamnés comme aux prévenus pour des raisons pratiques. L’usage d’internet est par conséquent interdit dans les maisons d’arrêt, comme dans tous les établissements pénitentiaires français. (source Wikipédia)

Les coulisses de la prison
C’est la 2e prison que j’ai l’occasion de visiter et l’architecture est similaire. En effet le bâtiment de la partie basse, composée en étoile et appelé « panoptique » est un type d’architecture carcérale datant du XVIIIe siècle. Il est composée d’une tour centrale et de 4 ailes de cellules et permet une surveillance de tous les prisonniers.

Actuellement la prison de la Santé est maintenant quasiment vidée de ses détenus pour être rénovée. Le projet de rénovation commencera en 2015 et s’étendra jusqu’en 2019.
Outre la rénovation des bâtiments de « la partie basse », « la partie haute de la prison sera détruite et refaite.
Je commencerais cette visite en ayant en tête les questionnements que m’avait laissé la visite de ma 1ere prison. Ce qui me sautera au yeux lors de cette visite c’est que rien ne parait vétuste, tout est bien rangé et net. Nous passerons vers la fin dans les parties les plus vétustes et laissées en état d’abandon depuis 2006, où la peinture est écaillée. A ma question si l’état était ainsi quand il y avait encore des détenus, on me répond que non. Malgré tout la fin de la visite se finit sur une série de vidéos réalisées par des détenus et à plusieurs reprises, je constate la peinture écaillée dans les cellules filmées. Vu l’état actuel, j’en déduit que la peinture devait souvent être refaite, visiblement ça reste un endroit froid et humide qui doit nécessiter un certain entretien.
La partie basse – panoptique
La partie en étoile reste la plus impressionnante. Dans la tour de contrôle au milieu de l’étoile, se trouve un agent qui va ouvrir et fermer les portes des sas. En effet pour rentrer dans une aile, une première grille est ouverte, elle se referme ensuite et la seconde permet d’accéder a l’aile. Meme si actuellement il n’y a plus de détenus, le système est toujours en fonctionnement. C’est à 30 que nous nous confineront dans le sas pour accéder au différentes parties.




Dans les différentes ailes ont peut accéder aux cours ou sortent les détenus. Les cours sont différentes selon le niveau de sécurité. Le quartier d’isolement laissera place à une cour divisée en plusieurs parties.



La partie haute de la prison
Après avoir rejoint le couloir des parloirs avocats, nous visiterons la partie haute de la prison. C’est dans cette partie que se trouve la partie VIP, c’est a dire les détenus célèbres. Force est de constater que la partie VIP n’a rien d’extraordinaire, les cellules sont justes plus grandes ! Mais l’ambiance de la prison reste la même et on ne doute pas une seconde d’où on se trouve même dans cette partie de la prison !

Il est vrai que je m’étais imaginé un traitement de faveur plus poussé, me voilà rassurée !

Une chose qui m’étonnera néanmoins lors de la visite c’est que la prison, jusqu’en 2000 sera divisée en 4 blocs selon les origines géographique des détenus : Europe occidentale, Afrique Noire, Maghreb et… le reste !
Actuellement il ne reste que le quartier des semi-liberté en activité et durant les travaux, soit 90 personnes. Les détenus sont accompagnés par le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) et peuvent quitter l’établissement afin de s’investir dans un projet de réinsertion.

Cette visite aura permis de démystifier un peu plus le système pénitentiaire français. Même si pas mal de moyen sont mis en œuvre pour la réinsertion, on comprend vite que cela n’est pas suffisant. A mon questionnement sur l’agencement des futurs bâtiments qui remplaceront la partie haute, je comprend que les futurs locaux ne seront pas forcément mieux pour mener à bien la réinsertion des détenus.

Finalement le plus important, n’est à mon sens pas l’emprisonnement, mais les moyens et chances données à ces personnes pour les aider à ne pas retomber ou avoir une vie meilleure à leur sortie. Malheureusement nous restons sur un schéma très « fermé » sans mauvais jeux de mots. Beaucoup de temps passer en cellule ou non aménagé pour se former à un métier.


La sortie rue Messier
5 commentaires
un beau reportage, des belles photos bien traitées
Bravo
Merci 😉
T’as bien réussi le fait d’arriver à sortir des photos sans personnes, ou avec très peu de monde dessus, sur une journée de patrimoine, ça ne devait pas être super facile.
Et merci pour les explications et impressions dans l’article !
J’ai… courue 😀 soit etre tout devant soit vraiment derriere et préparer son image dans sa tete et attendre le bon moment pour déclencher.
Les gens de la prison ont été relativement sympa
Merci Diane pour cette visite.
Je viens juste d’arriver sur ton blog (grâce à Twitter) et je pense le garder en favori 😉 Découverte + architecture = ça me parle!
(Si un jour tu as l’occasion d’aller sur Dunkerque, j’ai deux ou 3 adresses à te filer pour l’Urbex… )