Le château de l’empereur Bokassa

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L’actualité nous apprend hier que l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing est mort. Nous avons eu droit à des rétrospectives sur sa vie et ce qu’il a fait. Ressort alors l’affaire des diamants de Bokassa, ce qui me fait me rappeler que j’ai eu l’occasion en 2011 de visiter l’une de ses demeures laissées à l’abandon.

Le château d’Hardricourt

Le château d’Hardricourt a été construit au XIXe siècle à l’emplacement d’un précédent château. Le château, l’actuelle mairie et leurs parcs respectifs faisait partie d’un même ensemble. Au début de la Seconde Guerre mondiale, le lycée Molière situé à Paris est délocalisé temporairement au château.
En 1970 l’industriel Jean Barrault achète le château et le gardera jusqu’à son décès en 1976.


Il fut ensuite vendu à Jean-Bedel Bokassa, ancien dirigeant puis empereur de Centrafrique en 1978.
Après avoir été chassé du pouvoir en et un exil de 4 ans en Côte d’Ivoire, l’ancien empereur Bokassa 1er est assigné à résidence dans ce château de 1983 à 1986. Il quitte la France pour retourner en Centrafrique.
Il décéda en 1996 et c’est après une longue procédure judiciaire de 14 ans afin de retrouver ses très nombreux héritiers, (54 enfants et 17 épouses). Au terme de cette procédure, le château est mis en vente en 2011 et est reconverti en lieu événementiel (mariage, séminaire etc).

Demeure de l’empereur de Centrafrique J.B Bokassa

Jean-Bedel Bokassa séjourna dans ce château pendant 3 ans. Son exploration, je dois l’avouer est assez étrange et malaisante.
Il reste des meubles et beaucoup de vêtements. Dans une chambre des traces de squat
Le fait d’y trouver beaucoup d’effet personnel laisse entendre un départ soudain ce qui constitue un sentiment étrange de « rentrer chez quelqu’un ».
On trouve pas mal de matériel informatique obsolète, des jouets et des vidéos de films porno.

Le bureau est surement la pièce la plus déconcertante. Il reste beaucoup d’effet personnel : des actes de naissances, des papiers, des photos.
C’est un peu comme toucher des archives sans y être. Une part « d’Histoire » se trouve là sous nos yeux, le  passé lointain d’une personne complexe.

Quand j’ai visité le lieu je ne connaissais Bokassa que de nom et l’image laissée par les médias : un dictateur cannibale. Autant de raison de ne pas se sentir à l’aise dans cette exploration. On se demande ce qu’était la vie de cette famille ici. Une si belle demeure mais pourtant le quotidien ne semblait pas de tout repos ni très heureux si l’on se réfère au témoignage de sa fille (voir lien en bas de l’article).


C’est en entrant dans le bureau que l’on découvre sa passion pour Napoléon 1er par la présence de livres, statuettes. Sa mégalomanie l’amena à se faire sacrer empereur de Centrafrique (en 1977) et enfila même une réplique du costume que portait Napoléon 1er lors de son sacre. Même si son règne prône la monarchie constitutionnelle, son régime ressemble plus une dictature redoutable et violente. Quant au côté cannibale il sera finalement démenti.
Je vous laisse à mon tour découvrir ce château.

Sources :

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Exploratrice et photographe passionnée d’histoire, mon travail s’articule autour de 2 axes : la photographie documentaire et la photographie artistique. Je réalise des reportages sur les souterrains et lieux abandonnés dans un but documentaire et réalise des photos témoignages afin de garder une trace de ce patrimoine oublié. Mes séries de photos artistiques, réalisées dans des lieux abandonnés deviennent le décor de mises en scène où elle exprime son ressenti des lieux, les sublime et les fait renaître le temps d’une image, en mélangeant rêve et réalité afin de s’approprier le lieu.

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