La défense passive désigne l’ensemble des mesures prises pour protéger la population lors de bombardements aériens. Parmi ces mesures la construction ou l’aménagement d’abris. Concernant Paris on dénombre 250 abris étanches au gaz et plus de 40 000 abris civils mis en place pendant la Seconde Guerre Mondiale. Je vous présenterais ici les différents types d’abris
Mise en place de la défense passive
La multiplication des attaques aériennes pendant la Première Guerre Mondiale eut pour conséquence une prise de conscience concernant la mise à l’abri de la population. En 1918 des arrêtés instaurèrent une Commission supérieure pour l’examen des mesures à prendre en cas d’attaque d’aéronefs ennemis. Certaines stations de métro et caves furent converties sur le tas en abris.
C’est dans un contexte international tendu au cours des années trente que la France met en place une série de mesures destinées à organiser la défense passive. Une première loi est proclamée le 8 avril 1935 afin de créer une commission de la défense passive qui définira entre autre l’aménagement d’abris publics, de postes de secours et création de matériel de détection des gaz. Cette loi sera également suivie de plusieurs décrets de mise en application jusqu’en 1938.
Différents types d’abris sont alors créés et je vous propose d’en découvrir les grandes lignes.
Les abris civils
Les parties souterraines de la ville sont bien sur privilégiées afin de servir d’abris. La plupart des immeubles privés possèdent des caves qui constituent des lieux simples d’accès en cas d’alerte. Les immeubles de plus de 4 étages sont considérés comme assez résistants, pour les autres un aménagement pourra être nécessaire et les travaux ou non à réaliser seront déterminés par un architecte de la Défense Passive. Les renforcements de la structure se feront soit par la pose de madriers en bois ou celle poutrelles métalliques.
Les poutrelles métalliques offrent des avantages par rapport au bois : l’absence de colonisation par les termites, meilleure résistance à l’eau et l’humidité ainsi qu’au feu.
Les grands volumes de cave sont compartimentés à l’aide d’ajout de maçonnerie afin de limiter le nombre de victimes en cas d’effondrement.
Les soupiraux sont équipés de volet occultant afin d’éviter au maximum l’entrée de gaz.
Finalement c’est plus de 40 000 caves qui furent aménagées de 1935 jusqu’en 1945. Les lieux étaient identifiables grâce à des affichages en surface. (le nombre de places étaient également spécifié)
Les abris étanches aux gaz
La plupart des abris administratifs (hôpitaux, mairies, etc), quelques bâtiments privés ou habitations ont été construits de manière à être étanche au gaz. Il y en a environ 250 à Paris. L’usage massif d’armes chimiques étant apparu lors de la Première Guerre mondiale, cela faisait craindre une nouvelle utilisation en cas de conflit. Ces abris fort coûteux étaient plutôt réservés à la direction administrative qu’au personnel afin de garder en vie des personnes susceptibles de diriger.
Composé à l’entrée d’une porte anti-souffle sensée supporter l’effet d’une bombe, puis d’un sas étanche aux gaz constitué de 2 portes.
Un système de ventilation permettait de conserver l’air de l’abri respirable quelles que soient les conditions extérieures. L’électricité était produite via un groupe électrogène. Si le gasoil venait à manquer, il fallait renouveler l’air manuellement à l’aide d’un système à manivelle ou de cyclo-ventilation qui permettait de pédaler.
Certains abris sont pensés pour être occupés sur une longue durée, on y trouve donc parfois des lits, mais aussi des cabines de WC chimiques.
Les postes de secours sanitaires
Des postes de secours sanitaires souterrains ont également été aménagés afin de soigner les blessés. Le risque chimique selon sa composition n’avait pas les mêmes effets. Ils étaient classés selon les symptômes ressentis : irritants, vésicants, suffocants. Les blessés pris en charge se déshabillaient et se douchaient puis étaient pris en charge dans des salles selon leur pathologie afin d’éviter toute contamination.
Certains postes de secours sanitaires possèdent même une salle d’opération comme celui-ci installé sous une école.
Une trentaine de postes de secours étaient présents sur Paris et la plupart du temps dans les souterrains des hôpitaux ou des écoles.
Les tranchées-abris
Réalisée via un coffrage où l’on a coulé du béton, elles sont accessibles par des escaliers mais aussi des échelles menant à des plaques.
Aujourd’hui les escaliers sont dans l’ensemble rebouché pour éviter que des personnes ne descendent
Pour aller plus loin sur les abris de défense passive
Cet article n’est qu’une introduction explicative des différents types d’abris que nous pouvons trouver. Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez l’approfondir je ne peux que vous conseiller la lecture du livre dont je suis co-auteur : Abris souterrains de Paris aux éditions Parigramme.
Ci-dessous je vous propose également de découvrir plus en détail certains abris que j’ai pu visiter.
Bonne visite.
Autres abris :
4 commentaires
Super cet article !
Très interessant, bien documenté.
Bonjour,
Existe-t-il le même type de travail pour la banlieue de Paris ?
Merci.
Claude
Bonjour,
Le livre sur les abris de défense passive dont je suis co-auteur parle de Paris mais aussi un peu de la banlieue.
Je pourrais faire quelques articles à ce sujet d’ailleurs 🙂
A moins que vous ne cherchiez une ville précisément ?